Djibouti : un potentiel photographique à promouvoir
« Djibouti est l’endroit idéal pour le cinéma. La région offre une variété de décors sans trop se déplacer et ce n’est pas négligeable dans notre métier où il faut souvent effectuer des distances importantes pour filmer certains plans…». C’est, en substance, ce qu’avouait la réalisatrice belge Marion Hänsel venue produire et réaliser intégralement son film, « Si le vent soulève les sables », à Djibouti.
Le cinéma français et plus largement européen a su très tôt reconnaître le fort potentiel photographique de la région. On aura pu ainsi voir les équipes de deux « blockbuster » français tourner une partie de leurs séquences dans ce pays : « Les chevaliers du Ciel » de Gérard Pirès et « Forces spéciales » de Stéphane Rybojad où ce dernier utilisera les décors djiboutiens pour simuler le désert afghan. On notera également quelques plans filmés du Grand Bara et du Goubet dans le film « Eclipse Totale » d’Agnieszka Holland, production anglo-franco-belge sortie en 1995 et la présence d’un jeune homme dans le rôle du poète maudit, deux années avant de connaître une fulgurante gloire planétaire dans « Titanic ». Le désert djiboutien du grand Bara aura donc connu Leonardo di Caprio en « Rimbaud aux semelles de vent » transporté sur une civière de fortune par une troupe de nomades.[style_image width= »620″ image= »https://www.coubeche.com/wp-content/uploads/2015/06/rimbaud-di-caprio.jpg » url= »https://www.coubeche.com/wp-content/uploads/2015/06/rimbaud-di-caprio.jpg » border= »no » lightbox= »yes » fade= »yes »]
La « Planète des Singes », cette autre rumeur…
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Qu’en est-il du géant hollywoodien ? Nous avons consacré ce mois-ci tout un article sur la « rumeur ». Peut être apparue au même moment que le fameux « monstre du Goubet », une vieille légende urbaine prétendrait que les premiers plans de la « Planète des Singes », notamment ceux de la marche des astronautes après le crash de leur navette dans le film original de 1968 avec Charlton Heston, auraient été filmés à Djibouti, dans la région du Lac Abbé. Si la zone en question est réellement un décor naturel « lunaire » et mériterait bien d’être considérée à sa juste valeur filmique, nous pouvons d’ores et déjà affirmer que l’équipe de Franklin J. Schaffner n’a jamais mis les pieds à Djibouti et d’ailleurs, le tournage a eu lieu exclusivement aux Etats-Unis, principalement en Arizona.
La géographie hollywoodienne
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Le cinéma est un milieu où le “bouche à oreille” fonctionne plus qu’ailleurs. Les équipes de production se transmettent généralement les bonnes informations, les “bons plans.” Le Maroc est devenu aujourd’hui l’un des pays d’Afrique le plus apprécié d’Hollywood et même du cinéma européen grâce à ces échanges. Le réalisateur américain, s’il ne trouve pas chez lui le décor parfait dans son pays, ira privilégier la piste marocaine où le pays a bénéficié d’une très bonne réputation depuis la fresque épique “Lawrence d’Arabie” de David Lean en 1962. Ridley Scott y tournera pas moins de 4 films pour reproduire la Somalie (Black Hawk Down), la Palestine (Kingdoms of Heaven), Carthage (Gladiator) ou la Jordanie (Body of Lies). On remarquera que pour le fameux “Chute du Faucon Noir”, Djibouti aurait pu mériter une place de choix dans le casting décors et figurants… Le bon plan n’était pas au rendez-vous semble-t-il et les libertés hollywoodiennes quant au réalisme peuvent parfois paraître ridicules. Depuis quelques années, Djibouti, à cause probablement d’être la seule et unique base militaire américaine en Afrique, semblerait gagner en importance sous la plume des scénaristes américains. Dans “Good Kill” d’Andrew Niccol récemment à l’affiche avec Ethan Hawke, le pays demeure une base militaire, élément incontournable de la logistique guerrière étasunienne actuelle. On pourra citer également un autre film, “Shooters”, d’Antoine Fuqano avec Mark Wahlberg et Danny Glover, toujours dans la mouvance guerrière et prenant de grandes libertés géographiques : en plan d’ouverture, on cite le camp Lemonnier comme une base secrète… en Ethiopie.
Djibou … Quoi ?
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Néanmoins, Djibouti tendrait à sortir des poncifs soldatesques. Ainsi, l’insignifiance “djiboutienne” sur la scène populaire mondiale aura permis au scénariste d’”Alexander And The Very Bad Day” de créer un effet comique dans un film truffé de mésaventures burlesques. L’on peut y voir une séquence à l’intérieur d’une salle de classe, le professeur propose de faire un exposé sur un pays étranger. Alexandre, jeune garçon héros du film, se présente d’emblée comme grand connaisseur de l’Australie, mais le prof, qui n’approuve apparemment pas l’entrain du jeune homme en décide autrement. Pour ne léser personne quant au choix du pays, il prend un globe terrestre mobile, le fait tourner et, d’un coup d’index magistral, en arrête la rotation tout en fixant la destination : le doigt pointe vaguement sur Djibouti (dans le film, c’est surtout l’Ethiopie !) et le maître qui annonce fièrement (dans la version française du film) : “Ah ! Djibouti ! C’est la corne de l’Afrique, quelle chance ! Djibouti !” et Alexandre, désappointé, de répondre “Djibou… quoi ?”. On terminera cette courte rétrospective filmique djibouto-hollywoodienne avec le meilleur signé… Coca-Cola !
Got a mind like a steel trap
Au seuil de sa maison, en plein été, un vieil homme déguste un “Coke Zero” tout en s’imposant comme un vrai connaisseur de la boisson emblématique. Son petit fils, à ses côtés, le taquine un peu en lui faisant remarquer que le produit est tout nouveau sur le marché… et le grand-père se met à vitupérer contre l’arrogance du jeune homme : “Comment ça jamais entendu parler de Coca avant hum ? …” et sans laisser au garçon d’expliquer qu’il est en train de boire un “Coke-Zero” et non un “Coke” classique, le vieil homme affirme son savoir encyclopédique sur les prétentions du jeune coq : “Le 13e président des Etas-Unis est Millard Filmore hein ! Et tu connais la capitale de Djibouti hein ? C’est Djibouti ! La Capitale de Djibouti c’est Djibouti ! Alors viens pas me dire que je n’ai pas entendu parler de Coke avant !”. Le jeune garçon, incapable d’en placer une, est littéralement assommé par la verve colérique du grand-père qui termine avec une expression très américaine qu’on pourrait traduire par : “Mon gars, j’ai pas encore perdu la tête !”