Le drive-through originel
Dès le moment où le confort général de l’habitacle automobile s’est amélioré et que la voiture est devenue un objet de luxe, des idées pour ne plus la quitter ont rapidement apparu. En 1930, se distingue aux Etats-Unis le premier « Drive Through » qui permet aux automobilistes de profiter de services sans descendre de leur véhicule : la « Grand National Bank of St. Louis » offre à ses clients la possibilité d’effectuer des transactions tout en restant au volant. Dans un court reportage autour de la marque Chevrolet paru en 1937, on découvre le fonctionnement du « Drive-Thru bancaire » à Los Angeles.
Le drive américain
Très vite, le secteur des biens de consommation prend rapidement le dessus des offres « Drive » et l’on voit apparaître des drive-pharmacie, drive-café, drive-restaurant, drive-épicerie. On assistera même à l’émergence de services plutôt loufoques mais très en phase avec le modèle américain du culte de l’automobile : le mariage-drive ou drive-through marriage chapels (à Las Vegas). Les heureux mariés louent une luxueuse Cadillac, traversent le « tunnel de l’amour », long couloir bétonné dont la voûte est ornée de chérubins hilares, cupidons fous et sentences nuptiales, les futurs époux s’arrêtent devant un pasteur employé à la pompe maritale, le toit du carrosse motorisé s’ouvre alors et les deux amants se jurent fidélité devant l’officiant dans le vacarme vrombissant d’un moteur seize cylindres et les émanations polluantes crachées comme des fumerolles d’encens. Une variante pour motards est également prévue avec tous les invités en selle, manette plein gaz pendant le solennel « Yes » quasi inaudible.
Les drives funèbres
Il y a aussi, plus sombre, le drive-thru funeral pour automobilistes à la condoléance pressée. On peut, moteur tournant, saluer une dernière fois le défunt à grands coups de klaxon. En Europe et plus particulièrement en France, ce concept très américain du « tout à l’auto » a du mal à s’implanter. Cette idée de se faire servir tout en restant à bord de son véhicule n’est même pas, pour la plupart des Européens, « culturellement correct ». Le « Drive through » made in Europa ne verra le jour que très tardivement et en pleine révolution numérique sous sa forme la plus intéressante : l’achat de denrées alimentaires sur site internet et la récupération de ses courses sur le parking du supermarché dans un dépôt annexe, afférent au service. La traversée de l’atlantique lui fera également perdre le mot le plus ennuyeux à prononcer pour un francophone : « Through », qui, par un effet de langue fourche, se mutera en « In ». En réalité, le « Drive-In » existe aussi aux Etats-Unis mais le service est différent de son homologue « Through ». Il s’agira plus simplement de s’arrêter à un parking et de profiter d’une projection cinématographique ou les services d’un restaurant en passant commande à des équipes volantes voire très souvent faire la queue, sur ses deux jambes, à la caisse.
Semi’N’Drive
On connaissait les « Cash’in » et « Casino’in », voici maintenant le petit dernier de la famille des clones du drive-in à Djibouti : « Semi’N’Drive » sur le parking du supermarché Semiramis. Un service à la gloire de l’automobile (et qui évitera de sérieuses lombalgies à son conducteur). Stationnez devant le guichet, commandez, c’est livré, vous payez. Épargnez à votre dos le portage de lourdes bouteilles de gaz, bonbonnes d’eau, packs de Crystal et sodas. Notez que le Cash’N’Drive sur le site de Cash Center Leader Price offre un service supplémentaire : « Pit Stop poulet ». Le poulet rôti à emporter, ce dernier ne pèse pas très lourd et se transporte d’une main, mais il est difficile en effet de ne pas succomber à l’appel de la rôtissoire, de ces odeurs qui frétillent sur le manège de la broche, tourniquet des envies gourmandes à faire chavirer les palais les plus rétifs, de cette joie instinctive et presque primitive des chairs qui croustillent.