Rendez-vous avec l’équipe nationale !
S’il y a un domaine à l’échelle internationale dans lequel la République de Djibouti reste encore bien discrète -pour ne pas dire secrète- c’est celui du Football. Bien qu’une équipe nationale existait déjà dans les années 50, celle de l’époque moderne n’est entrée au sein de l’échiquier FIFA qu’en 1994 et n’a participé à ses premières phases éliminatoires en Coupe d’Afrique des Nations qu’à partir des années 2000. C’est donc une équipe nationale jeune et qui a besoin de construire année après année sa propre histoire dans le football d’aujourd’hui afin de gagner en expérience et se forger une personnalité de plus en plus affirmée.
Bien entendu certains facteurs inhérents à la République de Djibouti ne faciliteront pas la tâche à un changement immédiat : les moyens engagés pour l’équipe nationale sont proportionnels à la taille du pays ainsi qu’à sa population qui ne dépasse pas encore le million d’habitants. Mais on a déjà vu certaines équipes issues de « petites » nations à faible population, émerger sur la scène continentale africaine, comme le Cap-Vert dont la sélection nationale a fait des merveilles lors de la dernière CAN et propose un jeu particulièrement attrayant lorsqu’elle représente son pays de seulement 4 000 km² pour 540 000 habitants (donc bien plus « petit » que la République de Djibouti).
Le déficit de l’engouement populaire est peut-être aussi une explication pour expliquer le peu de couverture médiatique et d’exposition dont devrait jouir la sélection nationale Djiboutienne.
Quoiqu’il en soit, après avoir assisté au match « aller » contre le Liberia le 14 Mars 2016 au Stade Aptidon, match durant lequel l’équipe Djiboutienne a été plus que vaillante et a offert un jeu particulièrement intéressant, le constat était évident : cette équipe de Djibouti a les moyens d’évoluer dans le bon sens et commence à se construire une base solide pour aller encore plus haut.
Son sélectionneur, M. Noureddine Gharsalli nous a gentiment accordé une entrevue afin de mieux comprendre ce qui fait l’ADN de l’équipe nationale de Djibouti et revenir sur son travail d’entraîneur.
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Entretien avec M. Noureddine Gharsalli
– Bonjour M. Gharsalli, pouvez-vous nous raconter les grandes étapes de votre parcours professionnel et sportif, et votre première arrivée à la tête de la sélection Djiboutienne ?
J’ai commencé ma carrière sportive en tant que joueur attaquant (avant-centre plus exactement) avec le club d’AS Kasserine en Tunisie et à l’âge de 19 ans je suis parti en Suisse pour faire mes études en Éducation physique et en Sciences politiques. Puis j’ai joué dans différents clubs comme le FC Bâle, le Concordia Bâle et d’autres clubs en Alsace. Vers 25 ans, j’ai commencé à entraîner les Juniors du FC Bâle. Cela a été un grand tournant dans ma vie. Par la suite j’ai entraîné différents clubs en France, en Tunisie et dans certains pays du Golfe jusqu’à mon arrivée à la tête de l’équipe nationale de Djibouti en 2011 pour mon premier passage. J’ai repris ce poste de sélectionneur à partir de Mai 2015.
– Quelles sont les qualités particulières requises pour être sélectionneur d’une équipe nationale ?
Il faut avoir suffisamment d’expérience, de connaissances du métier d’entraîneur et une culture approfondie du monde du football. Il y a plus de responsabilités à gérer une sélection nationale car il faut essayer de satisfaire tout un peuple et pas seulement les supporteurs d’un club. Enfin il faut être neutre dans ses choix et avoir une vue d’ensemble sur les compétences des joueurs au niveau national.
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– A travers votre expérience au sein de l’équipe nationale, quelle évolution notable avez-vous pu constater au fil des ans ?
L’équipe nationale djiboutienne est composée des joueurs les plus jeunes en Afrique, les plus amateurs sur le continent. Ils ne peuvent dès lors qu’évoluer. Les automatismes commencent à s’installer entre les joueurs, il y a davantage de cohésion et de discipline tactique, tout ça on a pu le constater lors du match retour contre le Swaziland (Octobre 2015) et lors du match aller à domicile contre le Liberia (Mars 2016)… sans oublier les deux matchs CHAN contre le Burundi (2015). Il nous reste à renforcer certains domaines dans trois compartiments différents : gardien de but, milieu de terrain et surtout l’attaque puisque aujourd’hui notre attaquant vedette, Liban, est sérieusement blessé (ligaments croisés).
– Aujourd’hui quelles sont les premières qualités sportives et de jeu qu’offre l’équipe de Djibouti ?
L’aspect technique, la circulation du ballon avec simplicité et intelligence. Les joueurs sont motivés pour faire honneur à leur maillot et porter avec fierté les couleurs de la Nation. Il y a beaucoup de concurrence entre les joueurs pour intégrer la sélection nationale.
– Lors du match « aller » contre l’équipe du Liberia, Djibouti a montré un jeu intéressant, tenant même en échec l’adversaire jusqu’à la mi-temps. Quelle analyse globale faite-vous de cette rencontre et quelles satisfactions sportives vous a-t-elle procuré en particulier ?
Le match aller contre le Liberia a été l’un des plus aboutis pour l’équipe djiboutienne depuis de nombreuses années. Certes on a perdu par le plus petit écart (0-1) mais on a gagné une équipe. Les joueurs ont fait preuve de ténacité, de courage et ont montré qu’ils étaient capables de faire jeu égal sans complexe, quelque soit l’adversaire. Ça annonce de belles choses à venir surtout si nous parvenons à améliorer les trois domaines de jeu qui font défaut. Concernant les retours de cette rencontre j’ai été très flatté par les déclarations positives de certains grands techniciens comme George Weah (unique Ballon d’Or africain), James Debbah l’actuel entraîneur du Liberia, ainsi que les spécialistes de France Football à travers leur article sur ce match.
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– Lors de cette rencontre, le nouveau président de la FIFA Gianni Infantino était dans les tribunes. En tant que sélectionneur national sa présence a du vous toucher particulièrement ? Comment avez-vous vécu cette rencontre avec le « Grand Patron » du Football Mondial ?
Ce fut un moment inoubliable pour moi et pour le football djiboutien lorsque le grand patron du football mondial, Gianni Infantino, nous a gratifié de sa présence lors de cette rencontre. Notre démonstration sur le terrain a été honorable et digne d’une équipe engagée sur le bon chemin. C’est un homme qui est arrivé au bon moment pour le renouveau de la FIFA et redonner respect et confiance envers cette institution qui a été pour le moins malmenée ces derniers mois. Puis nous avons en commun la Suisse, second pays cher à mon cœur, il y avait donc un peu de nostalgie aussi.
– Quel est votre point de vue sur l’intérêt du peuple djiboutien concernant son équipe nationale ? Sentez-vous lors des matchs à domicile une communion entre les supporteurs et l’équipe ?
C’est un peuple qui aime le football et qui est connaisseur en matière de plan de jeu. Quelque soit le résultat, il nous a toujours encouragé. J’espère qu’à l’avenir les tribunes seront à chaque fois un peu plus remplies. C’est un facteur décisif pour le moral des joueurs. L’équipe a besoin d’être davantage mise en lumière par les médias et la presse locale pour bénéficier d’un peu plus d’aura au sein du pays.
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– Quels sont selon vous les obstacles que rencontre le football djiboutien dans son ensemble pour émerger un peu plus encore ?
Il y a une absence de sponsoring dans le championnat national et sans financement la vie des clubs est précaire. Par conséquent les joueurs de haut niveau ont du mal à s’épanouir. Dans le football moderne le « gagnant-gagnant » est un leitmotiv indispensable, pour ne pas dire vital. Les joueurs doivent être parmi les premiers à bénéficier des retombées.
– Parlez-nous des prochains matchs à venir et des objectifs que vous vous êtes fixés avec l’équipe ?
Nous sommes encore dans les échéances continentales pour la CAN 2017 et il nous reste deux matchs. Le premier contre la Tunisie à domicile le 3 Juin et le second contre le Togo, chez eux, en Septembre prochain. En fonction de ces deux rencontres nous ferons un bilan adéquate et constructif pour l’avenir de la sélection.
– Je vous laisse le mot de la fin :
Je suis satisfait de l’aventure que je vis avec cette équipe. Ce n’est pas facile tous les jours car beaucoup de choses restent à faire mais j’ai confiance en l’avenir de cette sélection. Je suis fier d’avoir posé les fondations et l’ossature de ce groupe courageux et généreux. Le sport en général offre beaucoup de surprise, il faut toujours garder espoir et confiance quelques soient les résultats au jour le jour.